Par  Insight UK / 26 Aug 2025 / Sujets: Artificial Intelligence (AI)
Pendant des années, le discours sur la cybersécurité a été dominé par une menace omniprésente : la crise des compétences.
Des recruteurs en quête de talents rares, des équipes de sécurité sous pression constante, et une course effrénée pour suivre l’évolution d’un paysage de menaces toujours plus complexe.
Mais une nouvelle réalité émerge. Elle suggère que nous avons dépassé le stade de la pénurie de talents pour entrer dans une crise plus profonde : une crise de stratégie.
Le véritable enjeu ne réside plus uniquement dans le manque de spécialistes en cybersécurité, mais dans la pertinence même de notre approche actuelle. Dans un monde de plus en plus façonné par l’intelligence artificielle, il est temps de se demander si nos modèles de sécurité sont encore adaptés à leur mission.
Ne nous y trompons pas : la pénurie de compétences reste un enjeu majeur. D’après notre dernière étude, 76 % des organisations ressentent fortement cette pression, et près de la moitié (47 %) signalent un impact opérationnel grave ou significatif.
Ce déficit ne se limite pas à un simple ralentissement : il freine ou relègue au second plan des initiatives de cybersécurité pourtant cruciales pour 57 % des entreprises. Les causes principales sont bien identifiées : le coût élevé du recrutement de profils expérimentés (68 %) et la rareté des candidats qualifiés (65 %).
Mais le véritable défi a changé de nature. Il ne s’agit plus seulement de combler des postes opérationnels, mais de répondre à un manque criant de compétences stratégiques. Ce sont les profils capables de penser la cybersécurité à l’échelle de l’entreprise — architectes cloud, experts en détection avancée, spécialistes en gouvernance et conformité — qui font aujourd’hui défaut. Et plus encore, ceux capables d’orchestrer la collaboration entre humains et technologies intelligentes.
C’est à ce niveau stratégique que le déficit de compétences est le plus aigu — et le plus critique.
L’intelligence artificielle est souvent présentée comme une solution miracle. Et bien que son potentiel soit immense, son intégration dans les stratégies de cyberdéfense n’en est encore qu’à ses débuts.
À ce jour, seule une organisation sur cinq a réellement intégré ou déployé l’IA à grande échelle, et à peine 7 % exploitent des systèmes d’IA autonomes avancés.
Pourquoi une telle prudence ? La réponse tient en un mot : la confiance.
Si 57 % des organisations déclarent avoir une certaine confiance dans les résultats produits par l’IA autonome, seules 15 % se disent pleinement confiantes.
Les principales sources d’inquiétude sont bien identifiées : la crainte de résultats imprécis (52 %), les biais algorithmiques (40 %) et le manque de transparence lié aux mécanismes de décision de type « boîte noire » (39 %).
Ces préoccupations sont légitimes et doivent être prises au sérieux. Mais il est essentiel de rappeler que l’IA n’a pas vocation à remplacer les équipes de sécurité : elle est là pour les renforcer.
Considérée comme un multiplicateur de force, l’IA peut automatiser les tâches répétitives, approfondir l’analyse des données et permettre des réponses plus rapides et plus ciblées. Elle a le potentiel de transformer le fonctionnement des centres d’opérations de sécurité (SOC), de renforcer la sécurité applicative et de contribuer à combler le déficit de compétences.
Les organisations qui réussiront leur transformation numérique en intégrant l’IA de manière stratégique verront leurs cyberdéfenses renforcées, tout en libérant leurs talents humains pour se concentrer sur des missions à plus forte valeur ajoutée.
Dans un environnement numérique en constante mutation, la cybersécurité ne peut plus être perçue comme une simple charge technique. Elle doit être reconnue comme un levier fondamental de performance et de continuité pour l’entreprise.
Pour naviguer avec succès dans ce nouveau paysage, les organisations doivent adopter une stratégie d’investissement holistique, articulée autour de trois piliers essentiels :
La priorité est de développer des profils capables de piloter des équipes hybrides homme-machine, de traduire des risques techniques complexes en enjeux business clairs, et d’ancrer une culture de la sécurité dans l’ensemble de l’organisation.
Si l’IA peut contribuer à atténuer la pénurie de compétences, elle ne remplace pas l’investissement humain. Des programmes solides de formation, de montée en compétences et de fidélisation des talents juniors sont essentiels pour constituer un vivier de futurs leaders stratégiques.
2. Construire des partenariats intégrés
L’époque des équipes de sécurité cloisonnées et des outils fragmentés touche à sa fin. La résilience moderne repose sur des partenariats profonds, intégrés et durables. C’est pourquoi trois quarts des organisations collaborent déjà avec des fournisseurs de services de sécurité managés (MSSP), et la majorité prévoit de renforcer cette dépendance.
Les MSSP offrent bien plus qu’un simple soutien technique : ils assurent une couverture continue 24h/24 et 7j/7, donnent accès à une expertise spécialisée difficile à recruter en interne, et contribuent à combler les lacunes critiques en compétences. Les entreprises qui s’appuient sur ces partenaires déclarent des gains significatifs en matière de résilience (79 %), de visibilité (77 %) et de conformité (72 %).
Mais pour en tirer pleinement parti, il ne suffit pas de signer un contrat de service. Il faut exiger davantage : une véritable alliance stratégique, fondée sur la compréhension des objectifs business, la proactivité et l’intégration fluide avec les équipes internes.
3. Tirer parti des plateformes intelligentes :
Les plateformes de cybersécurité intelligentes et intégrées représentent un levier stratégique majeur.
Elles permettent aux entreprises d’accéder à des technologies avancées difficilement reproductibles en interne, tout en centralisant les outils et la gouvernance de la sécurité.
Elles constituent également un vecteur essentiel pour intégrer l’IA avancée de manière sécurisée et alignée sur les objectifs de l’organisation.
L’IA déployée sur ces plateformes peut automatiser des tâches chronophages telles que la détection des menaces ou l’analyse des vulnérabilités, libérant ainsi les experts pour des missions à plus forte valeur ajoutée comme la chasse aux menaces complexes ou la modélisation stratégique.
La clé ? Une approche « humain dans la boucle », garantissant que la technologie reste au service de la stratégie et renforce la confiance.
Pour véritablement accélérer l’adoption de l’IA et exploiter son potentiel transformateur, il est essentiel de lever la barrière de la confiance. Cela implique :
Prioriser une gouvernance robuste : Des structures de gouvernance claires sont indispensables. Elles doivent définir les rôles, les responsabilités et les seuils d’intervention humaine, tout en assurant une supervision continue. Une gouvernance bien pensée ne freine pas l’innovation — elle l’encadre, la sécurise et en accélère l’impact.
Examiner chaque initiative dès sa conception : Toute démarche IA doit intégrer, dès les premières étapes, une évaluation rigoureuse des biais potentiels et des risques de sécurité. Cela passe par des jeux de données diversifiés, des tests d’équité, et des mécanismes de correction. L’approche « humain dans la boucle » reste centrale pour garantir que les décisions algorithmiques soient compréhensibles, justifiables et alignées sur les valeurs de l’organisation.
Adopter l'IA explicable (XAI) : Nous devons aller au-delà des « boîtes noires ».
Les approches XAI privilégient la transparence, rendant les processus décisionnels de l’IA compréhensibles, auditables et donc plus dignes de confiance pour les utilisateurs.
Favoriser une culture de sécurité psychologique : En renforçant la culture IA au sein de l’organisation et en misant sur la transparence, les collaborateurs peuvent progressivement percevoir l’intelligence artificielle non comme un risque, mais comme un véritable levier d’augmentation de leurs compétences et de leur impact.
Nous devons créer des environnements où les systèmes d’IA peuvent être remis en question, testés et améliorés en continu, sans crainte de répercussions.
Partenariats stratégiques pour le déploiement : Le déploiement à grande échelle de l’IA est complexe.
S’associer à des experts externes expérimentés permet d’accélérer l’adoption grâce à une expertise technique approfondie et des méthodologies éprouvées, tout en maîtrisant les risques.
La crise des compétences en cybersécurité a évolué vers une crise de stratégie.
Les organisations qui réussiront seront celles qui investissent de manière holistique dans leurs talents, adoptent des plateformes puissantes basées sur l’IA et nouent des partenariats stratégiques solides.
Ce faisant, elles ne se contenteront pas de sécuriser leur activité : elles renforceront leur capacité à innover, à croître et à diriger dans un monde en mutation rapide.